Phonsavan

Le Laos est un pays encore majoritairement rural et le réseau routier est beaucoup moins bien développé qu’en Thaïlande. Le résultat est que les trajets y sont très longs malgré des distances relativement courtes. Notre étape du jour nous aura donc pris plus de six heures pour parcourir les 233 kilomètres séparant Vang Vieng de Phonsavan. La route sillonne les montagnes et les vues sont majestueuses. Pour les enfants par contre, c’est une autre histoire puisqu’ils n’auront pas droit à leur tablette « occupe-trajets » vu les virages (Jérémy n’a malgré tout pas résisté, heureusement que nous avions un cornet plastique dans le sac, car il n’est pas question de s’arrêter en route…) et ils trouveront donc le temps bien long.

Les rares visiteurs viennent à Phonsavan pour découvrir la plaine des Jarres et c’est aussi notre but principal, surtout que lors de son voyage laotien il y a 20 ans, Yanick n’avait pas pu venir ici. On découvre cependant une région dont l’intérêt est bien plus large. Le premier soir, on visite ainsi le centre d’information UXO (Unexploded Ordnance, ce qui peut se traduire en français, par munitions équipées d’une charge explosive, qui ont été tirées mais n’ont pas explosé à l’impact). On y apprend que pendant la guerre du Vietnam, le Laos est devenu le pays le plus bombardé de l’histoire mondiale. Entre 1964 et 1973, il y a ainsi eu des bombardements toutes les 8 minutes, 24 heures sur 24. La province où nous sommes a été particulièrement touchée et, aujourd’hui encore, les UXO blessent ou tuent en moyenne une personne par jour, dont 40% sont des enfants. Le sol renferme en effet quelque 10 millions de bombies (des petites bombes de la taille d’une balle de tennis qui, en explosant, projettent une trentaine de billes d’acier susceptibles de tuer dans un rayon de 20 mètres) et il semble que les habitants de la région peuvent ramasser jusqu’à 20 à 30 tonnes de ferraille par semaine. Il y a d’ailleurs des restes d’engins de guerre dans tous les hôtels, restaurants ou agences de la ville. Le temps pour nettoyer le pays est estimé, au rythme actuel (500 personnes), à 150 ans. On en apprend aussi plus sur l’armée secrète formée par les Etats-Unis après avoir pourtant signé des accords de paix garantissant la neutralité du Laos. Un pan bien sombre de l’Histoire, encore très peu connu et enseigné chez nous. C’est effrayant mais passionnant pour nous qui adorons l’histoire. Pour se remettre de ces tristes récits, on trouve la gargote où les laotiens viennent manger et on teste toutes sortes de spécialités dont la plus appréciée sera le sticky rice, un riz nature collant. Il faut dire qu’ici, on est beaucoup moins gâtés au niveau saveurs qu’en Thaïlande, les plats étant généralement peu, voire pas du tout, épicés.

Le lendemain, départ pour la découverte de la région. Un premier arrêt pour obtenir les autorisations de visite des autorités touristiques permet à notre guide de nous montrer toutes les bombes et engins de guerre qui ont été utilisés dans la région.

Après une superbe route à travers les rizières, on s’arrête dans l’ancienne capitale de la province qui a été ravagée par les envahisseurs chinois et vietnamiens, puis entièrement détruite par les bombardements américains. Il ne reste ainsi presque rien d’une ville qui, selon notre guide, était l’équivalent de Luang Parbang  : un stupa en ruines, un ancien palais encore plus détruit et un bouddha qui a miraculeusement survécu.

On va ensuite visiter l’un des sites secondaires de la plaine des Jarres. Comme son nom l’indique, cette plaine regroupe de gigantesques jarres en pierre, qui datent de l’âge du fer du Sud-Est Asiatique (entre 500 av. J.-C. et l’an 200) qui sont éparpillées sur des centaines de kilomètres carrés. Personne ne sait à quoi elles servaient ni quelle civilisation les a sculptées et seuls sept sites sur les nonante répertoriés ont été déminés. Il faut donc être attentifs et rester sur les chemins balisés, ce qui impressionne beaucoup les loulous. Sur la route, on croise d’ailleurs plusieurs camions démineurs et on se rend compte, dans la réalité, de ce que l’on a lu hier.

Pendant la pause de midi du guide, on parcourt un petit village où nous sommes l’attraction, surtout les enfants, et principalement Jérémy, qui a droit à diverses caresses et bisous des habitants. Un joli moment.

C’est maintenant au tour du deuxième site secondaire de la plaine des Jarres.

On va encore découvrir comment les locaux utilisent l’aluminium des engins de guerre pour fabriquer des cuillers notamment. Les enfants sont fascinés.

Enfin, après un passage par les vestiges d’un tank russe, on arrive au site le plus vaste de la plaine où, entre d’énormes cratères de bombes et des tranchées, on peut voir la jarre la plus large et la plus grosse. C’est très impressionnant et magique.

Au final, on a passé une journée magnifique et passionnante que tout le monde a adoré. En plus, notre guide connaissait vraiment la région comme sa poche et nous a appris plein de détails très intéressants. On regrette juste de devoir partir demain car il nous proposait de nous montrer le travail des démineurs.

2 commentaires sur “Phonsavan

  1. Ces pays d’Asie ont en effet une histoire incroyablement dense et souvent bien triste et cruelle, notamment lors de la Seconde Guerre mondiale. Les occidentaux se sont accaparés en tout impunité de contrées, s’en sont servis pour du vil chantage économique et politique… ça fait réfléchir. Malgré tout cela les peuples envahis, assaillis s’en sont sortis… O combien meurtris.
    On appréciera d’autant plus les ruines et les témoins culturels et architecturaux que nous avons la chance de voir. Je trouve que vos photos sont d’autant plus belles et ont une autre signification.
    Merci pour ces témoignages !
    Et je me réjouis de retrouver Luang Prabang avec vous 😊
    Bisous

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